Mes envies
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 [Gavés d'vie et vides de Tout]

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LoveDischord
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MessageSujet: [Gavés d'vie et vides de Tout]   [Gavés d'vie et vides de Tout] Icon_minitimeLun 4 Déc - 0:04

Hm alors en fait. Cette histoire c'est Sorceress et moi.
Ensemble. Juste nous deux et.
Martial. Paul. Lou. Pauline. Matteo.
Han. J't'aime Po' Huhu =)


*




« Hé, tu crois qu’on peut s’envoler ?
- Bien sûr ! »

Matteo et Paul font de grands gestes avec leurs bras, histoire de faire comme les aigles. Sauf qu’eux, y s’cassent la gueule quand ils sautent du haut du muret.

« N’importe quoi…
- Arrête de dire ça, on dirait qu’tu sais pas rêver, Martial.
- Bien sûr que j’sais rêver. Et tu crois qu’Pauline elle sait rêver, avec ses boulets cramponnés aux chevilles ?
- C’est pas des boulets, c’est des parents.
- Des parents qui t’battent, c’est des boulets. »

Martial, assis sur un banc, sait plus c’que c’est, les rêves.
Lou, accrochée, la tête à l’envers à une branche, voit des étoiles dans tout c’qui bouge, et reproche sans arrêt à Martial de ne pas regarder la vie en couleur.
Lui, il dit qu’il la regarde pas en noir et blanc, juste un peu plus dans les yeux que les autres.

« Elle fait quoi, d’ailleurs, Pauline ?
- Elle broie du noir.
- Ou p’t’être des os.
- Non, ça, c’est ses parents qui lui broient les os. »

Pauline, elle a seize ans, comme Matteo. Paul a dix huit ans, l’âge d’la dépendance comme il dit, et puis Martial et Lou vont sur leur dix-neuvième année.

Pauline, à seize ans, elle sait c’que c’est les cris, elle sait c’que c’est les coups, au cœur et au corps, elle sait c’que c’est les psy, elle en a vu tel’ment, et puis, elle sait c’que c’est d’se dire que, de toute façon, y’a pas grand chose d’autre à faire que d’mourir en silence, et d’crier dans son oreiller jusqu’à c’que ce soit lui qui l’étouffe.
Pauline, elle vit plus depuis bien longtemps. Peut être depuis seize années.

« Elle est allée voir Mioc,
dit Matt.
- Mioc ?
- Un nouveau psy.
- Comment ça s’fait qu’il est pas encore devenu fou ?
- Ca fait que trois semaines qu’elle y va. Trois fois par semaine, ça fait, mais c’est pas encore assez pour rendre un psy complètement taré »,
remarque Martial, soupirant.

C’est toujours comme ça avec Pauline. Elle va voir des psy qui l’écoutent, qui tentent de l’aider, mais plus ils la regardent, plus ils voient trop d’noir et trop d’peurs, et alors il annulent les séances et vont prendre des vacances aux Caraïbes. Dans l’groupe, les amis de Pauline avaient prit l’habitude de compter les psy qu’elle faisait fuir. Pour eux, c’était autant d’litres de larme que Pauline versait au fond d’son cœur.


Dernière édition par le Lun 4 Déc - 0:11, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: [Gavés d'vie et vides de Tout]   [Gavés d'vie et vides de Tout] Icon_minitimeLun 4 Déc - 0:09

Huhu moi aussi j't'aime Lino =).




*








Lou, elle regarde la vie en couleurs depuis bien longtemps. L'sourire au coin des lèvres et l'regard étoilé. Elle éclate souvent de rire, pour rien. Et elle a un rire tellement beau, tellement pur, que l'on ne peut que sourire en l'entendant. Quand on lui demande où elle a appris à rayonner comme ça, elle répond qu'elle a simplement regardé la Vie sous un angle différent.

Martial lui réplique souvent qu'la vie ça ne se regarde pas sous un angle, mais Lou s'en fiche parce qu'elle sait. Elle sait que l'bonheur, on ne l'obtient pas en essayant d'assouvir des désirs. On l'obtient quand on ne l'attend plus.
On ne s'en rend pas toujours compte, mais en fait, l'fait de voir la vie en couleurs, ça répand de la joie autour de soi. Sensation éphémère. Sauf pour ceux qui, comme Lou, ont compris.

Matteo et Paul ont fini de s'amuser à essayer d'voler et se sont assis dans l'herbe. Ils se sont lancés dans une conversation endiablée sur ce qu'ils avaient prévus de faire pour les journées à venir, c'est à dire pas grand chose. Quand Martial ouvre la bouche.

« Vous croyez pas qu'il faudrait passer la voir ?
- Pauline ? Si 'ya personne chez elle...
- Ses parents n'sont jamais là le vendredi.
- Et si elle ne nous ouvre pas ?
- On s'débrouillera. »


Lou a hoché la tête. La plupart du temps, ils laissent un peu d'espace à Pauline pour qu'elle puisse craquer quand elle en avait besoin, parce que c’est pas bon d'se retenir. Mais ils n’peuvent pas la laisser seule en train d'broyer du noir. Ou d'broyer des os.
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MessageSujet: Re: [Gavés d'vie et vides de Tout]   [Gavés d'vie et vides de Tout] Icon_minitimeLun 4 Déc - 0:15

=)



*




Branl’bas d’combat. Il est quatre heure de l’après midi, et tout l’monde se lève dans un vacarme assourdissant. Paul se bat contre Matteo, Lou s’bat contre les idées noires de Martial, et Martial, lui, s’bat contre l’espoir.
Quand on les voit comme ça, on penserait qu’ils n’ont rien à faire ensemble. Entre Matt aux ch’veux noirs et aux yeux bleus, qui s’joue de tout même d’la mort, Paul et son air innocent, son air abusé, son air « C’est moi que v’la, m’emmerdez pas », avec des chapeaux sur la tête et des soleils plein les yeux, Lou, du haut d’son mètre cinquante sept qui s’gave de vie comme de beignets, et puis Martial, Martial le grave, Martial le droit, Martial qui n’sait p’t’être pas rêver mais qui vit si fort, pourtant. Parce que, y’a plusieurs façon d’vivre, soit en jouant, soit en s’plaignant. Mais ça r’vient au même, parce que finalement, t’es vivant.
Toujours est-il que ces quatre là, on sait pas trop comment ils se sont rencontrés. Un peu comme si Dieu s’était mélangé les pattes et avait posé la douceur à côté du trop vif, le rêveur en face du dubitatif. Bref, Dieu s’est peut être planté, mais ça n’empêche pas qu’ces quatre là, ils sont heureux, ensemble.

Et là, ils vont retrouver leur perle rare, le pétale qui manquait à la fleur, le pétale qui semble bien trop fané, mais qui sent toujours aussi bon. Même si, parfois, y’a l’goût du sang qui couvre tout ça.
C’est pas très loin, chez Pauline, alors le groupe d’amis décide de n’pas prendre le bus. Et quand Martial, Lou, Paul et Matteo traversent la ville à pied, y’a d’quoi s’inquiéter, parfois. Paul et Matt, comme les deux doigts d’la main, se lâchent pas, même pour traverser les routes. Ils se courent après sans se soucier de rien, et c’est rigolo, surtout pour Lou qui en profite pour rire, encore. Et quand elle passe le long des cafés, tout l’monde la regarde. Parce qu’elle est belle, Lou, et puis elle irradie et c’est captivant.

Elle marche à côté de Martial qui reste silencieux. Elle le taquine. Elle le cherche. Et le trouve, souvent. Lui, il ronchonne, mais gentiment, comme toujours. Il dit des jurons tout haut et fait des sourires en coin. Il la trouve belle, lui aussi, Lou. Trop belle pour lui, d’ailleurs…

Ils arrivent près de la maison de Pauline. Enfin, ce qui lui sert le toit, plutôt. C’qui est dingue, c’est que Pauline, elle vit ici depuis tel’ment longtemps qu’elle a jamais pensé qu’c’était autrement ailleurs. Qu’c’était mieux, peut être. Mais bon, ça, tout l’monde n’y crois pas, Martial il dirait que ça sert à rien de fuir quelque chose de mauvais, parce qu’on n’sait jamais si ça va pas être pire ensuite. Lou, elle, dirait qu’il faut toujours changer, histoire de s’faire une idée du monde, bien ou mal, histoire de s’faire une expérience, pourquoi pas…
Paul s’en fout. Matt rigole.

« Pauline ?
- Pauline ! T’es là ? »

Elle est pas là, Pauline, elle n’a jamais été là, Pauline, elle se terre Pauline, elle s’enterre, la tête juste au dessus du sol, les membres piégés par les parois tout autour d’elle. On s’demande encore comment elle fait pour s’maintenir la tête hors de l’eau, d’ailleurs. Pauline elle est pas là, en fait, elle est assise sur son lit et rêve de monde enchantés qui n’existeront jamais. Elle rêve d’un vrai lit, qui n’serait pas inondé par des larmes vieilles de cent ans. Elle rêve d’un endroit où son père ne s’rait pas. Où sa mère ne s’rait pas. Où elle ne serait peut être pas non plus…

« Pauline ! Réponds ! »

Paul se tient devant la porte, le sourcil relevé, et attend la réponse qui ne viendra pas. Il le sait, elle ne répondra pas. C’est pour ça qu’il a déjà prévu d’ouvrir la porte de l’extérieur. Pauline, agonisant sur son lit, sait très bien que Paul va ouvrir la porte de l’extérieur. Elle sait très bien que Lou va faire un peu de vaisselle, que Matt va ouvrir les fenêtre pour aérer un peu et faire sortir cette odeur bizarre qu’il y a dans la maison. Et Matt, il sait très bien qu’il ne la fera jamais sortir cette odeur. Parce que l’odeur de la peur, l’odeur de la haine, l’odeur des blessures, tout ça, ça n’part pas si facilement.

« Allez, ouvre Paul. »

Paul prend son stylo, le glisse sous un des carreaux de la porte, et l’enlève délicatement. Ce geste, il le fait si souvent. Il a trop l’habitude d’ouvrir seul cette maison. Il a trop l’habitude de tenter d’libérer cette Princesse de sa tour. Même s’il ne fait que la regarder, la pleurer et, au fond, c’est p’t’être déjà pas si mal.
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MessageSujet: Re: [Gavés d'vie et vides de Tout]   [Gavés d'vie et vides de Tout] Icon_minitimeLun 4 Déc - 0:18

*







Pauline voit Paul entrer dans sa chambre pour la centième fois au moins. Agonisant sur son lit en désordre, les draps recouvrant les frêles parties de son corps roué de coups, principalement les derniers endroits où ses parents ont frappés, elle n'a plus bougé depuis hier soir. Elle pourrait être gênée que ses amis la voient dans cet état, mais ce n'est plus la première fois. Maintenant, tout ça fait partie des sales habitudes qui rythment sa vie, si l'on peut qualifier ça une vie. Plutôt un vide, en fait.

Une musique se met en route, tout doucement. Elle vient de la chaîne à côté du lit de Pauline. On dirait de l'électro, mais en plus torturé. Un peu le genre de musique que l'on entend dans les "rave". Paul s'asseoit sur le lit à côté de Pauline qui sèche ses larmes. Elle se tient un peu à l'écart. Mais tous les deux savent qu'il n'est question que de secondes avant qu'elle lâche le peu de fierté qu'il lui reste et se retrouve dans ses bras. Paul profite toujours de cet instant où il peut serrer fort sa princesse contre lui, ces quelques secondes où il est certain qu'elle ne s'échappera pas. Mais ce genre de moment passe toujours trop vite.

Toutes les fenêtres de la maison sont ouvertes, Matt arrive dans la chambre de Pauline. Il prend soin d'arrêter cette musique qui ne fait que torturer un peu plus un esprit qui n'en a pas besoin. Paul et sa princesse se lèvent et il l'entraîne vers la cuisine où Lou a fini de faire la vaisselle, et s'attaque à présent à préparer quelque chose à manger. Pendant ce temps, Matteo va arranger un peu le lit de Pauline, même s'il sait que ça n'en fera toujours pas un véritable lit, seulement un lieu d'agonie lente et incertaine. Incertaine parce que Pauline, qui ne vit plus, ne peut pas mourir.
Martial va aider Matt à remettre un peu la chambre de Pauline en ordre, et tenter de nettoyer les tâches de sang sur la moquette, celles qui n'ont pas eu le temps de sécher complètement.

Une routine que tous s'appliquent à effectuer parce qu'ils savent qu'il n'y a rien de mieux à faire. Rien pour échapper à ces vies, celle de Pauline paraissant déjà toute tracée. L'idée de partir leur a déjà effleuré l'esprit, mais n'a encore jamais abouti. Peut être parce que partir à l'autre bout du monde, ce ne serait pas assez loin pour prendre un nouveau départ. Dans une autre galaxie, peut être. Et encore...

Les parents de Pauline seraient de retour dans moins d'une heure. Les ados pourraient encore partir, y compris Pauline mais elle serait bien obligée de rentrer un jour ou l'autre, dans cette maison qui sentira toujours autant l'odeur de la haine et du sang. Le problème, c'est que même en s'échappant pendant quelques heures, Pauline ne se sent pas libre, ni capable de rêver. L'image de ces boulets cramponnés à ses chevilles donnée par Martial un peu plus tôt était peut être vraie, en fin de compte. Une fatalité qui existe depuis seize années. Pour combien d'années encore ? Une éternité, peut être. Même si Lou voyait cela autrement. Sûrement grâce à cette qualité qu'elle a de voir plus loin que les étoiles.
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MessageSujet: Re: [Gavés d'vie et vides de Tout]   [Gavés d'vie et vides de Tout] Icon_minitimeLun 4 Déc - 0:29

*

« Allez, ma grande. On va y aller.
- Paul, tu crois qu’le marchand d’sable il viendra ce soir ?
- Oui, bien sûr ma puce, il va venir te voir pour t’aider à t’endormir…
- Paul, aide le à venir.
- D’accord ma puce. »

Paul, il a toujours le p’tit coup d’pouce pour que Pauline s’endorme le soir. Enfin, surtout pour qu’elle soit totalement amorphe quand ses parents rentrent le soir. Pour qu’elle voit des papillons plutôt que des chauves souris. Pour qu’elle subisse sans vraiment s’en rendre compte, plutôt qu’elle résiste et qu’elle se fasse encore plus mal.
Rien de bien méchant, juste des somnifères. Et le marchand de sable passera…
Ils ont quitté la maison à regret, parce que, même avec l’habitude, on s’fait jamais à l’idée qu’une petite frimousse comme celle de Pauline va se faire tailler à coup de poings. On l’accepte jamais. Même avec le temps.

« On fait quoi ?
- On s’envole.
- Même après t’être cassé la figure des centaines de fois, tu perds pas l’fil de tes idées toi, hein ? »

Matt fait un grand sourire et ouvre grand les bras. Quand on l’regarde Matt, on l’trouve beau, on l’trouve tordu, on l’trouve chou. Il attrape les sourires et les garde bien au chaud dans ses paumes, et souvent, il les ressort quand Martial fait des bulles de goudrons avec ses idées noires. Lou, elle aime bien les sourires de Matt, et elle, elle en fait des bulles de savon.
Et puis Matt… Matt, c’est un paumé parmi tant d’autres, sauf que Matt, il aime bien être paumé, et puis il aime la vie Matt, et s’il veut toujours autant s’envoler, c’est peut être parce qu’il pense qu’en haut, y’a moins d’vide et plus d’arc-en-ciel. Matt il s’bouffe les doigts d’impatience en pensant qu’il va voir les étoiles le soir, ça l’rend heureux, Matt. Quand il regarde les yeux d’Lou il se sent bien. Quand il respire le vent dans ses cheveux noirs il ferme les yeux et c’est un peu comme si plus rien n’était vrai, à part le souffle qui le frôle et la main d’Paul qui se pose sur son épaule.
Ce soir, tout bien réfléchit, ils savent ce qu’il vont faire. Ce soir ils vont se réunir dans la chambre de Martial, comme toujours, pour s’créer un monde et récolter les étincelles qui sortent du briquet de Paul, pour chopper les ombres chinoises sur le mur, et puis ils vont vivre encore et toujours à travers leurs écrits, parce qu’ils ont peut être plus qu’ça, finalement, ces gosses qui n’ont même pas atteint l’âge de s’plaindre du temps qui tue l’espoir.

« Paul ! »

Pauline est à la fenêtre. On se demande un peu comment elle tient debout, cette petite fille fragile aux grands yeux sombres dans lesquels on se perd trop facilement. Elle se penche, un peu comme une Juliette qui recherche son Roméo. Ou peut être comme une Juliette qui voudrait vivre mais qui sait bien qu’elle va mourir. Et dans les bras de son Roméo, si c’est possible…

« Paul, mes parents rentrent tard ce soir. Emmenez moi avec vous, ça fait trop longtemps que j’n’ai pas vu l’monde merveilleux d’Martial.
- Il n’est pas merveilleux, ma grande, juste un peu plus aux antipodes des autres,
dit Martial avec un sourire.
- Oui, j’veux revoir ton monde paumé, Martial. Peut être que j’serai plus là pour le voir, bientôt… »

On se tait. On sait tous, même si ça fait mal, que c’est vrai.
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MessageSujet: Re: [Gavés d'vie et vides de Tout]   [Gavés d'vie et vides de Tout] Icon_minitimeLun 4 Déc - 0:30

*








La chambre de Martial, elle donne envie de s’évader. Lui, il ne sait peut être plus c’que c’est, les rêves. Mais ses amis le savent encore. La chambre de Martial, c’est un peu comme un autre monde. C’est ce genre d’endroits qui enferment tous nos souvenirs. L’genre d’endroits où on a un petit aperçu de la sensation de liberté. On se contente de murmurer parce qu’on a peur de tout gâcher. Parce que la liberté, même infime, ça se brise plus vite qu’on n’le croit. Ils en ont déjà payé les frais.
Ils se sont assis en cercle, Pauline lovée dans les bras de son prince, Matt adossé contre le mur, Lou assise en tailleur à côté de Martial qui garde ses distances alors qu’il aurait bien aimé être collé à elle. Mais Lou est tellement belle qu’il a peur de se brûler les yeux et d’finir aveugle. Or, il veut pouvoir continuer à l’observer, même de loin.
Matt roule un premier joint et le fait tourner. Tous aiment ces moments où ils peuvent planer. Pauline, parce qu’elle peut oublier pendant l’espace d’un instant qu’en rentrant chez elle les coups reprendront. Paul, parce qu’il peut rêver en oubliant que sa Princesse sera toujours enfermée dans sa tour. Lou, parce que c’est un des rares moments où elle se sent moins seule à rire et à rêver. Martial, parce qu’il peut se perdre dans de douces illusions mêmes si la descente aux Enfers n’en sera que plus douloureuse. Matt, parce qu’il aime la vie et ses sensations éphémères, ce paumé qui est content de ce qu’il est.
Tant d’illusions créées par une simple ambiance.
Comme ils l’avaient prévu, l’briquet coupe-vent de Paul faisait des étincelles qui s’reflétaient sur les murs et dans leurs yeux. Martial soupire, tout doucement, mais pas assez pour que Lou n’lui jette pas un regard exténué. L’impression d’avoir déjà vécu cela l’empêche d’en profiter à fond. Parce qu’il n’est qu’un de ces gamins torturés qui n’savent plus vivre, et il le sait.
Quelques éternités plus tard, ils refont le monde. C’est tellement.. Confortable. De parler alors qu’on sait parfaitement qu’en sortant d’ici, tout sera parti en fumée. Des idéaux qui ne fonctionnent que dans cette chambre.
Un long, long chemin de la mort à la naissance. Peut être que Martial vivra, un de ces jours. Peut être qu’il reprendra confiance en lui, et en la vie.


Dernière édition par le Dim 17 Déc - 19:20, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: [Gavés d'vie et vides de Tout]   [Gavés d'vie et vides de Tout] Icon_minitimeLun 4 Déc - 0:34

*

Pourquoi il croit plus en la vie, d’abord, Martial ?
Pourquoi, pourquoi… Peut être parce qu’il a trop de pourquoi dans la tête, et puis parce qu’il s’est résigné depuis bien longtemps à danser avec les étoiles comme Lou le fait si bien. Parce que, quoi qu’on en dise, c’est peut être un gosse, Martial, mais c’est un gosse qui en a vu des choses. Et pas des plus belles.

Martial, quand il était tout petit, il jouait aux voitures dans le garage enfumé de son frère, entre le battement résonnant des batteries et les hurlements malsains qui sortaient d’une enceinte pleine de grésillements. Il respirait l’air étouffant où se mêlait fumée, saleté, et parfois sexe… Né orphelin. Abandonné à la vie sans rien d’autre qu’un frère qui avait oublié jusqu’à son propre nom.
Né pour mourir, comme il le dit souvent. Il ne croit en rien, parce qu’on ne lui a jamais rien offert auquel il aurait pu croire. Même le Père Noël, il ne savait pas qui c’était. Quand on lui disait, dans la cour de récréation, que le grand monsieur au manteau rouge et à la barbe blanche allait passer, lui, il se disait que, peut être, son frère l’embrasserait sur le front ce soir là. Rêve qu’il avait depuis bien longtemps oublié.
Alors Martial, il s’enfonce dans cette idée que rien n’ira jamais. Que rien n’est jamais allé et que, même s’il a droit à un moment de répit avec ses amis, rien n’ira plus, bientôt.
Sur le fil du rasoir, Martial. Constamment.

« Allez Martial, arrête de soupirer… »

Lou lui fait un grand sourire, comme elle seule sait les faire, et se rapproche de lui. Dangereusement. Elle a déjà fait ça dans le passé, et Martial s’était écarté très vite. Et là, il sait que ce sera pareil. Elle lui prend la main. Met son épaule contre la sienne. Blotti son visage au creux d’son cou.
Martial veut bouger. S’écarter. Parce qu’il sait qu’il ne lui offrira jamais rien de bon, à Lou, et qu’il la brisera parce que sa vie n’est qu’un fouillis sans nom. Sa vie n’est pas faite pour elle. Mais Lou avance toujours, pénètre ses frontières, le séduit, et la fumée lui monte à la tête… Il n’arrive plus à résister.

« Martial… Prends moi dans tes bras. »

Et Martial la prend dans ses bras. Parce qu’il n’a plus aucune volonté. Parce quand il a vu son frère se détruire la vie avec des joints, il s’était juré de ne jamais faire pareil, et pourtant il fume. Parce que, quand il a vu sa petite amie mourir sous ses yeux, il s’est juré de n’plus jamais tomber amoureux, et pourtant, il n’a pas su s’imposer cette limite. Il fume bel et bien de l‘herbe, et il aime bel et bien Lou.
Paul commence à délirer. Un peu trop, cette fois ci.

« Pauline, on s’en va, on s’en vole, on s’échappe, hein ?
- Oui, Paul, mais pas maintenant, tu l’sais bien.
- Mais quand, ma puce, quand est c’qu’on part ?
- Dans l’autre vie.
- Non, moi j’veux tout d’suite. Allez, venez, on s’tire d’ici. On part… Allez. S’il vous plait, on part… »

Mais il a beau répéter ces mots là, sans arrêt, ses amis ne sont pas assez dans les vapes pour avoir envie de le suivre. Enfin, si, l’envie ils l‘ont, mais la force, non, il n’en ont plus.
Lou s’abandonne aux bras de Martial qui n’ose plus bouger, comme si cette fée qu’il a recueilli au creux de son corps était en porcelaine. Matt fait l’amour à la vie, il balance la tête de droite, de gauche, et en arrière soudain, dans un rire qui griffe un peu trop les fenêtres de cette pièce étouffante.
Paul rêve d’une autre vie avec Pauline, mais personne ne l’écoute, ou si, peut être la fumée, qui danse autour de ses yeux et lui montre à quelle point la vie n’est que brouillard.
Et la pièce danse et danse, et la fumée toujours, et leur tête tourne et c’est toujours comme ça chez Martial, toujours le même manège, sauf que les chevaux du Carrousel s’emballent et deviennent presque vivants. Folie. Délire. Images trop floues pour eux, mais c’est pas plus mal, ça cache un peu de la laideur du monde.

Stop.

La musique silencieuse de la chaîne derrière eux devient trop entêtante. Tout le monde se tait pour écouter East Hastings. Et ça fait mal au cœur. Ça charcute un peu plus profondément des blessures pas encore refermées.

« Cette musique me fait peur. »

Lou a perdu quelques étoiles dans ses yeux. Les amis se regardent, la regardent.

« On arrête. »

Martial éteint son joint. Les autres font pareil. Quand Lou perd des étoiles qu’elle a dans les yeux, tout le monde arrête. Parce qu’on sait que c’est la limite. Si on continue, il se pourrait bien que la lumière ne revienne jamais, et si ça arrivait, alors ce serait horrible.
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MessageSujet: Re: [Gavés d'vie et vides de Tout]   [Gavés d'vie et vides de Tout] Icon_minitimeLun 4 Déc - 0:39

*








Dehors, soleil. Ciel bleu. Herbe fraîche et verte. Des étoiles cachés dans les yeux d'Lou et d'la poudre de bonheur au coin d'son sourire. Matt rit avec elle, Matt regarde la vie qui l'entoure, il s'extasie devant le monde, il écoute, il s'en gave. Gavé d'vie. Matt, il a trouvé la recette d'son bonheur, il le sait peut être, ou non, c'est pas ça qui importe. L'important c'est que Matt vit. De travers par rapport à la norme ? Mais les vivants qui s'trouvent dans la norme sont morts. Programmés et coquilles vides. Vides de tout.

Dans les coeurs de Paul et de Martial, pluie. Ciel gris. Anges qui pleurent. Martial, il devrait finir par avoir l'habitude mais pourtant il a toujours aussi mal. Mal du souvenir d'cette soirée, Lou au creux d'ses bras, souvenir envolé, trop rapide, parti en fumée. Martial il s'en veut d'avoir pas su tenir sa promesse de n'plus aimer. Il se sent faible d'en être incapable. Pourtant l'amour n'se contrôle pas. L'coeur de Paul souffre. Ecorché. Souffre d'savoir que sa Pauline a du rentrer et qu'elle a toujours ses boulets cramponnés aux chevilles qui l'empêchent de s'envoler avec lui. Paul il veut partir mais n'y parvient pas. Y'a toujours quelque chose pour nous retenir, paraît il. Mais la sensation d'étouffer sera peut être trop forte pour tenir, un jour. Après tout, on recherche le bonheur mais on n's'en donne pas toujours les moyens. Paul il regarde Lou et Matt, et leur poudre de bonheur qui scintille entre leurs doigts. Il pourrait s'dire que c'est injuste. Mais y'a trop d'émotions qui s'mélangent dans son coeur meurtri et à la fin, il n'sait plus trop c'qu'il ressent vraiment. Frustration.

En regardant Matt et Lou, Paul et Martial s'demandent quand est ce qu'ils auront droit à leur bonheur, eux. Le bonheur. Pas l'éphémère. Celui qui t'rempli l'coeur de poudre d'étoile pour l'éternité. Celui qu'on voit accroché aux sourires de Matt et dans les yeux de Lou. Un bonheur qui n's'efface pas. S'assombrit quelques fois face à quelques pierres que la vie t'lance. Mais qui n'part jamais assez loin pour qu'on n'puisse pas le rattrapper en cours de route.

« - C'est quand qu'ça commence, Martial ?
- De quoi ?
- La vie.
- J'crois qu'ça a déjà commencé.
- Non, j'parle de la vie en diagonale.
- Tu trouves qu'tu marches pas assez d'travers comme ça ?
- Boarf. Pouquoi l'bonheur n'est pas au rendez-vous, alors ? J'ai la désagréable impression qu'jsuis pas fait pour m'entendre avec lui.
- Y'a bien pire que c'qu'on vit en c'moment Paul, crois moi.
- Ouais. La vie c'est trop riche des fois. Mais d'autres fois j'me plains qu'elle est trop plate. On est jamais content de c'qu'on a, tout compte fait.
- J'crois bien. L'bonheur dure jamais assez longtemps, hein ? Mais après tout, regarde Matt et Lou. On a l'impression qu'le leur est infini. Mais est ce qu'eux pensent qu'ils vivent le bonheur ? Peut être qu'ils l'attendent aussi, à leur manière, mais qu'ils ne s'rendent pas compte que l'bonheur c'est cette poudre qui scintille entre leurs doigts. Tu sais, Paul. L'bonheur on passe toute notre vie à l'rechercher. On perd toute une vie à rechercher quelque chose d'insaisissable. »
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MessageSujet: Re: [Gavés d'vie et vides de Tout]   [Gavés d'vie et vides de Tout] Icon_minitimeLun 4 Déc - 0:47

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Il a raison Martial, quand il dit ça. Et d'ailleurs, il a tellement la tête sur les épaules parfois que Paul et ses rêves chimériques manquent souvent de s'écrouler face à ses discours. Il sait bien que tout ça, c'est un peu trop utopique. Chercher quelque chose dont on ne connait finalement que le nom, et s'y perdre un peu trop histoire de se trouver un but. Mais après tout, pourquoi est c'que ce serait ce mot là, le but ? Pourquoi ce n'serait pas plutôt "Tristesse" ou juste "Abandon" ? Paul, il aurait plutôt tendance à penser que ces mots là marchent mieux que ceux de Lou et Matt. Pourtant, sans eux il serait loin d'ce monde, à force de s'étouffer dans des lambeaux de rêves qui s'effrittent en même temps que Pauline. Mais tout compte fait, ils ont beaux être différents, ils ont tous quelque chose qui les lie. L'envie. Quoi qu'ils en disent, ils ont tous envie de quelque chose.D'un ailleurs. D'un endroit qui leur appartienne, rien qu'à eux. Et ils sont tous un peu là pour se soutenir quand ça devient trop dur d'espérer.


« Martial, faut que j’la sorte de là.
- Qui ?
- Question bête Martial. Il parle de Pauline. »

Lou et Matteo sont là, assis en tailleur au milieu de leur lumière, un peu comme un halo permanent qui les entoure et qui leur donne l’apparence d’anges. Martial, en les regardant, il se demande s’ils ne sont pas vraiment des anges, en fait…

« Ouais, elle doit pas rester là bas.
- Combien d’fois on se l’ai dit, ça ?
- Pas assez, j’crois.
- Mais attend Paul, tu veux faire quoi ? T’as vraiment les moyens d’arracher ta Princesse de son donjon ?
- J’crois que j’peux y arriver.
- Martial… Laisse le espérer, tu sais bien qu’il en a besoin. Et d’ailleurs on en a tous besoin. Pauline en a besoin. Et on peut essayer. On peut l’aider à voler notre fée de sa grande tour. J’crois… Qu’on lui doit bien ça.
- Oui Martial… Pour tous les sourires qu’elle nous a distribué, entre deux bleus. Tu crois pas ?
- J’crois que vous êtes fous. Mais d’accord. »

C’est un peu comme un premier combat remporté par Paul et les autres. Convaincre Martial. En général, il reste méfiant à propos de tout. Surtout de l’espoir.

« On fait quoi ? »

Matteo regarde les autres avec son air d’innocent perdu, comme d’habitude. Il arrache un sourire à tout l’monde, même à Martial. C’est dingue comme il illumine une pièce en pleine nuit c’gars là. C’est dingue comme il a l’envie, peut être plus que quiconque, d’avancer. Même les yeux fermés, il mettra un pied devant l’autre. Pourvu que ça marche. Tant pis, sinon…

« Pour le moment, dormir serait une solution. »

Il est six heure du matin. Ils ont déposé Pauline chez elle depuis un bon moment, aéré la chambre de Martial et attrapé leurs stylos, éclairés par la lumière chancelante de leurs bougies à la cerise. Les sens un peu en désordre, ils ont écrit des lignes de rien, de tout, de gris foncé sur du jaune fluo, avec des croquis en guise d’entête. Ils ont dessiné leurs rêves un peu ternis pas l'temps et l'abandon, ils les ont coloriés en noir intense et rouge feu, rouge sang, rouge rien. Ils ont visité leurs espoirs déchus, leur promesses oubliées, leurs verbes au passé, et puis leurs souvenirs au futur. Ils ont gravé sur leur coeur l'imagination au pluriel puisqu'ils ne vivent plus qu'par leur partage.
Ils se sont gavés, encore et encore des mots d'chacun en sachant pertinement que d'façon leurs propres mots ne leur font plus rien, quand ils se les répètent tous seuls au fond d'la nuit.

Et puis ils se sont installés pour dormir. A six heure, quand le soleil s'est levé.
Ils se glissent sous les couvertures et les couettes posées par terre. C'est rare qu'ils ne dorment pas ensemble, tous les quatre.
Martial reste distant avec Lou. Mais elle, elle sait très bien qu'il ne lui en veut pas. Juste qu'il lui faudra du temps pour reconstruire sa couche de protection méfiante sur son coeur endoloris. Mais Lou. Est c'qu'elle a vraiment envie que Martial redevienne distant ? Est c'qu'elle n'a pas envie d'aller l'embrasser, là, tout de suite, et de se serrer contre son torse ?

C'est un peu étrange, quand on y pense, que Lou soit autant attachée à Martial. Il a pourtant l'esprit tellement barricadé qu'elle pourrait presque étouffer d'la pression qu'il créé tout autour de lui. Pourtant, elle sait bien qu'il est bien plus tendre qu'il n'y parait. Lou elle voudrait juste redonner le sourire à ce visage figé. Elle sait qu'elle peut y arriver. Mais est ce qu'il baissera sa garde assez longtemps pour lui laisser entrevoir une faille ?
Oh et puis...

« Martial ? Tu m'fais une place vers toi ?
- Quoi ?
- J'vais avoir froid.
- Je ferme la fenêtre, attends...
- Non. J'veux dormir avec toi.
»

Matteo tourne la tête vers Lou. Puis vers Martial. Et enfin vers Paul. Regards amusés. Attendris. Amoureux. Amoureux d'cet amour qui n'veut pas s'éveiller, qu'ils couvent tous les deux jalousement. Mais qui finira bien par exploser. Et quand ça explosera, Matt et Paul veulent être là pour voir le feu d'artifice que ça va donner. Parce qu'ils savent que ce sera très beau. Très destructeur, aussi. Mais très beau quand même.

« Lou. J'vais t'abîmer.
- Tu feras ça comment ?
- J'donne des coups d'pieds quand je dors.
- Ah bon ? Tant pis ! J'te mordrai.
- Ha... Bon. Viens par là... »

Sourires en pagaille sur le visage rayonnant de Lou. Finalement, il n'a pas encore trop bien replacé ses défenses. Peut être que, finalement, ce n'sera pas si dur d'passer les frontières.
Lou espère. Lou sait très bien faire ça. Espérer.


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MessageSujet: Re: [Gavés d'vie et vides de Tout]   [Gavés d'vie et vides de Tout] Icon_minitimeDim 17 Déc - 19:09

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Espérer ou y croire, il y a peu de gens qui connaissent la nuance. Mais quand on est gavés d'vie, et surtout vides de tout, on la connaît à force de la vivre. On espère qu'le jour se lèvera quand la nuit nous étouffe un peu trop pour qu'on puisse continuer à voir les étoiles. On croit en ses rêves quand on sait qu'il n'y a rien de mieux à faire, peut être parce qu'il n'y a rien de mieux qu'des rêves. Les rêves ça peut s'conjuguer à l'infini, au moment où un rêve meurt un autre nait, et on fait l'tour du monde en allant rire avec les oiseaux. Les rêves c'est c'qui leur permet d'tenir, à ces cinq adolescents qui vivent en diagonale, mais un peu trop comme tout l'monde sur cette pauvre Terre. Même Martial qui n'sait plus vraiment ce que c'est, il finit par changer parce qu'au fond de lui, il a bien envie d'partir, il a bien envie d'ailleurs, et il a bien envie d'pouvoir sauver Pauline. Que Paul retrouve le sourire, que Matteo continue à avoir son air aussi innocent, que les étoiles dans les yeux d'Lou ne disparaissent jamais. Martial espère. Et tous rêvent d'un ailleurs. Cet ailleurs qui les transcende, cet ailleurs qui est partout et nulle part à la fois. Quand Martial voit les bleus qui recouvrent le corps de Pauline il a l'impression que cet ailleurs n'existe pas. Mais quand il aperçoit une étincelle entre deux bleus, il le voit, cet ailleurs. Et tous, leurs âmes tremblent d'excitation quand ils songent au moment où ils y seront. Quand ils y croient.

Au creux des bras d'Martial, Lou s'endort presque instantanément, l'sourire aux lèvres après le passage du marchant de sable. Martial enlace sa fée, mitigé entre l'envie d'la serrer contre lui pour profiter d'la sensation de son corps chaud contre le sien, et l'impression qu'elle est en porcelaine et qu'il risque de la briser à tout instant. Elle parait si sereine, sa fée, mais aussi si fragile, quand elle dort, perdue au milieu d'ses rêves. Lou, on la trouve tellement forte, avec son sourire éternel et ses étincelles au fond des yeux, quand on la voit danser avec la vie en éclatant de rire. Mais une fois qu'elle s'est échappée avec le marchand de sable, même avec son sourire, on s'rend compte de sa fragilité. Et on n'a encore plus envie d'la protéger, d'la garder près de soi parce que sans Lou, Martial et les autres ne savent pas trop qu'est ce qu'ils pourraient devenir. C'est un peu comme si le soleil disparaissait et que la Terre se mettait à tourner autour de Pluton, plus de châleur, plus de sourires, et peut être même plus de bonheur. Ce serait pareil s'ils perdaient n'importe lequel d'entre eux, qu'ce soit Matteo, Paul, Martial, Lou ou Pauline, l'monde s'arrêterait sûrement de tourner et ils ne pourraient peut être pas en survivre.
Peut être qu'le bonheur pour ces gosses, c'est tout simplement d'être ensemble, de s'être trouvés et d'avoir cette force. Ensemble on est beaucoup moins perdu qu'tout seul, et c'est bien mieux d'être seuls à plusieurs.
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MessageSujet: Re: [Gavés d'vie et vides de Tout]   [Gavés d'vie et vides de Tout] Icon_minitimeDim 17 Déc - 19:11

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La nuit se passe comme d'habitude. Tout le monde s'endort calmement. On dirait que le silence les a capturé dans ses filets, et on pourrait même penser qu'ils ont oublié leurs inquiétudes. On dirait qu'le temps n'appartient plus à personne et qu'ils se laissent couler avec cette nuit paisible.
Et puis peu à peu, les rêves les envahissent et il y a comme une musique qui s'élève dans l'atmosphère saturée d'espoir. Leurs songes sont différents mais se recoupent. Les mêmes choses mais sous des visages variés. Pas vraiment les mêmes espérances. Pas exactement la même confiance.

Matteo est perché en haut d'la Tour Eiffel. Avec son sourire indélébile et ses cheveux qui dansent un peu, il gonfle des ballons de baudruche pour s'envoler avec eux. Martial lui, il regarde les ballons et tente de s'y accrocher pour partir avec Matt. Sauf qu'lui il s'casse la gueule, comme d'habitude, et il n'arrive pas à alléger son coeur pour prendre de la hauteur. Alors c'est la chute et tout s'barre. Lou, elle soupire parce que Martial n'a encore pas su s'tirer d'affaire et relever le défi qu'Matt lui avait lancé. Elle les prend, elle, ces ballons, elle leur donne des couleurs, les recouvre de poudre d'étoiles et empoigne la main de Martial pour l'empêcher de sombrer. Paul les suit du regard, d'en bas, et il trouve ça beau cette course à la vie qui s'en va. Lui, il tient juste la main de Pauline. Pauline qui pleure, dans ce rêve là. Qui pleure d'la joie et des sourires en éventail.
Dans sa prison qui l'étouffe, Pauline rêve de la main de Paul. Mais Paul est habillé en un peu trop sombre. Parapluies gris couleur néant tout autour. Oui, des parapluie. Parce qu'il pleut toujours aux enterrements.


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MessageSujet: Re: [Gavés d'vie et vides de Tout]   [Gavés d'vie et vides de Tout] Icon_minitimeDim 17 Déc - 20:13

C'est quoi ça ^^
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MessageSujet: Re: [Gavés d'vie et vides de Tout]   [Gavés d'vie et vides de Tout] Icon_minitimeDim 17 Déc - 23:37

Aucune idée, t'as l'droit de supprimer si tu veux =p
Au passage, t'aime ? =)
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MessageSujet: Re: [Gavés d'vie et vides de Tout]   [Gavés d'vie et vides de Tout] Icon_minitimeMer 20 Déc - 22:00

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Il faut croire que le fil de la vie de Pauline avait été effiloché dès sa naissance. Les sœurs filandières devaient être de bien mauvaise humeur quand elles se sont occupées du fil de sa vie. Paul, lui, croit aux sœurs filandières même s’il n’en a pas conscience parce qu’il ne le voit pas comme ça. Il croit au destin, persuadé que tout se déroule sans que l’on ne puisse rien faire, au fond, tout est planifié à l’avance, ou plutôt, quelqu’un là haut s’occupe de notre sort en jonglant entre espoirs et déceptions. Les sœurs filandières sont trois. Naissance. Tisser le fil. Vie. Dérouler le fil. Mort. Couper le fil. Mythologique.
Dès la naissance, Pauline n’avait pas eu de chance. Pas de chance pour tomber dans une famille où ses parents la battent. Pas de chance pour pouvoir réussir à trouver un équilibre avec ce handicap. Quand on regarde Pauline, on se dit que l’équilibre n’existe pas, toutes ces promesses ne sont qu’un tissu de mensonges, et cela depuis sa naissance. Premier souffle, premier cri d’épouvante. Envie de repartir. La sœur qui tisse le fil n’avait pas laissé beaucoup de place pour la Chance dans la vie de Pauline.
La deuxième sœur s’est bien amusée en déroulant le fil. Plaisir sadique. Tes parents te battront, tu te mutileras, tu te feras violée par ton oncle et tu cracheras ton désespoir tous les soirs par les larmes de sang sur tes bras, le rouge de ton cœur sur le tapis et des larmes incolores trempant ton oreiller. Vas essayer de te trouver un équilibre avec ça, Pauline.
Elle a peut être fini par avoir pitié d’elle ? Ou peut être qu’elle voulait la faire remonter avec de l’amour et des espoirs pour la voir mieux tomber par la suite. En tout cas, elle a choisi de lui offrir un peu de Chance avec le peu de poudre de bonheur disponible. Lou. Matteo. Martial. Paul. Surtout Paul. Entourée de leurs sourires. Dans les bras de Paul, Pauline a souri à son tour, pour la première fois de sa vie. Ca lui a fait mal parce qu’elle n’est pas bête Pauline, elle a compris, depuis toujours, que tout finira comme tout a commencé. Mais elle a décidé de profiter. Joie, bonne humeur, étoiles, nuages, rires et tous leurs dérivés, conjuguer le bonheur à l’infini. Amitié. Amour. Vie.
Ephémère.
La troisième attendait, impatiente. Prendre ses ciseaux. Couper le fil. Elle se fiche de l’explication qui sera donnée. Accident, meurtre, crise cardiaque, suicide ? Quel intérêt ? Les ciseaux sont rois du monde. Rapidité et habileté. La troisième sœur ne s’occupe pas de la souffrance. Juste de la fin. Néant. Peut importe ce qu’il se passe après. La mort. Vraisemblablement, il ne se passe rien. Rien. Et c’est cela qui nous effraie, c’est pour cela qu’on se voile la face. Nous avons peur d’un Rien. Nous avons peur de l’absence de vie. Pour que Pauline sache ce que c’était cette peur, il fallait qu’elle rencontre la vie. Rencontre d’émotions. Rencontre entre la vie et la misère, deux opposés qui s’aimantent. La vie. Et elle l’a reçue de plein fouet. Lou, Matteo, Martial, Paul. Peur de leur absence. On marche sur un fil, toujours. Si fragile, le fil de la vie, pour tout le monde, mais plus encore pour certains. Il suffit d’une secousse. Effrayant. Mais ce Rien nous fait vibrer. Est-ce qu’on vivrait aussi fort sans lui ? Alors pourquoi se compliquer la vie, on aura tous le même sort au final.
La troisième a décidé de couper le fil ce soir là.
Plongeant Pauline dans l’absence de vie et Paul, Martial, Matteo et Lou dans un puit, dans Le Puit, absence de lumière et d’Espoir. Enfants encore plus perdus qu’à l’ordinaire, enfin déroutés.

Rajustez vos parapluies. Il va pleuvoir des larmes de sang.
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MessageSujet: Re: [Gavés d'vie et vides de Tout]   [Gavés d'vie et vides de Tout] Icon_minitimeMer 20 Déc - 22:35

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Paul respire trop fort dans son sommeil, les images dansent et il y a trop de noir, trop de gris, trop de rouge. Du rouge un peu partout, et il étouffe au milieu d'ce liquide écarlate qui coule le long des bras de Pauline. Ce rêve devient trop réel. Il gémit. Il cri. Il hurle. La peur au ventre. Et la réalité qui vient de le frapper tout au fond d'ses entrailles.
Tout le monde s'est réveillé. Ils regardent Paul paniqué, assit, recroquevillé dans ses draps, les mains crispées sur son visage, et il se griffe, sans s'arrêter, avec violence, avec désespoir, sans vie, le vide, vide de tout dans ses yeux, il les regarde sans les voir. L'espoir s'est envolé, ils ne connaissent même plus son sens. Paul hurle son nom, son nom à elle et tous ont compris avant même de s'interroger, ce qui s'est réellement passé.
La lumière éclatante de la chambre fait un contraste douloureux avec la peine de Paul. Avec leurs peines à eux tous. Réalité. Réalité cruelle. Comme un son de tambour dans la pièce, les gosses perdus s'éteignent, ils s'oublient et perdent leurs sens. Plus aucune branche à laquelle se raccrocher. Ils se soutiennent à demi-mot en espérant rêver encore. Ils voudraient que ce ne soit qu'un cauchemar. Les ballons sont crevés et Lou a oublié de rattraper Martial, Matteo n'fume plus rien, pas même la joie, pas même les mots, pas même le vide, pas même la nuit. Il broie du noir. Il broie le mal. Il broie la mort. Il broie la vie de Pauline qu'il n'arrive pas à réduire à un simple souvenir. Et Paul, Paul voit ce chemin tortueux qu'il a emprunté lorsqu'il a connu Pauline. Depuis tout ce temps il savait que les ténèbres étaient au bout. Tout au bout. Il savait qu'ils allaient s'y enfoncer. Mais cette fois, ce n'est plus lointain. Ce n'est plus devant lui, il ne peut plus fermer les yeux pour tromper la vérité. Il ne peut pas trouver d'autres issues. Il est engloutit, anéantit. Envahit pas ces ténèbres. Plus de lutte. Plus d'illusion.

Pauline est morte.

Ils sont immobiles dans la chambre froide de Martial. L'après-midi a commencé sans eux. La vie s'est tirée sans eux. Et a emporté Pauline avec elle. Les feuilles en vrac jonchent le sol. Papier noircit de mots. Ils n'ont pas la force de lire ces lignes qui regorgent de trop d'espoir. Trop d'espoir de la veille parce qu'on espère toujours que ça pourra changer. Paul, hier, il chantait le délire et voulait réscuciter la vie d'Pauline qui commençait à partir bien trop loin. Il voulait parcourir le monde, ses doigts mélangés aux siens et danser avec Lou qui rit si souvent. Matt avait jetté d'la joie sur sa feuille et peint le soleil et les étoiles de Lou la Magicienne. Martial avait l'envie de connaitre l'amour de nouveau. L'amour pour de vrai. L'amour innocent et peut-être sans trop de questions. Enfin, tout ça c'était hier.
Pourtant hier même comme ça, ils n'y croyaient pas trop à leurs rêves. Ils étaient torturés, malgré tout.
Oui mais hier, mine de rien, Pauline vivait. Aujourd'hui, hier est un peu trop loin.

Le temps passe. Ils n'ont toujours pas prit la décision de se lever. De s'habiller. Et de se rendre, fatalement, chez Pauline. On pourrait croire qu'ils se font des idées. On pourrait dire qu'ils ne peuvent pas savoir si elle est réellement morte. On pourrait dire toutes ces choses là, que les rêves ne sont pas la réalité, que Paul a juste déliré plus longtemps que prévu, que cette douleur dans son coeur c'n'était qu'un battement plus fort qu'un autre.
Pourtant, aucun n'en doute. Tout l'monde sait. Et tout l'monde en crève de tristesse. Même si ce mot, tristesse, est si léger pour un mal si grand. Parce que Matt lui même est en train de s'égosiller pour qu'on entende ses plaintes. Et cette fois Lou a perdu trop d'étoiles.

Et puis soudain, tout le monde se lève, d'un commun accord. Ils se changent en vitesse parce que la chambre glacial attaque leur peau, et qu'il y a assez de leur coeur pétrifié. Toujours cette illusion de vivre. Comme un cortège, ils marchent en diagonale sur la route droite, et on dirait qu'ils suivent le fil de leurs pensées sinistres. Les voitures ont ralentit la cadence sur leur passage, comme si temps s'arrêtait. Ils vont chercher la mort, pour la regarder dans les yeux.
Ces gosses paumés n'sont que des ombres d'eux mêmes et quand ils parcourent la ville on entend comme un son funeste de cloches. Mais ce n'sont que leurs coeurs qui résonnent dans leurs poitrines endolories.
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MessageSujet: Re: [Gavés d'vie et vides de Tout]   [Gavés d'vie et vides de Tout] Icon_minitimeVen 22 Déc - 23:20

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Ces gosses paumés vont chercher la mort. La mort c'n'est pas sûr que ce soit Pauline, Pauline est partie dans l'absence de Vie, son fil a été coupé. Son coeur ne bat plus, elle ne ressent plus rien. Morte et froide. Liquide rouge sur ses bras et coeur en charpie. Pauline, dans un élan d'réalisme, a voulu jouer avec la vie et elle a finit par rencontrer la mort. La mort n'est qu'une idée. Pourtant c'est cette idée qui fait sa loi, elle gouverne le monde et met les rêves en prison éternelle. Dans c'monde où tout est éphémère l'infini est roi.
La route est encore plus longue quand on la passe en diagonale, chemin sineux, pourtant la vie est tellement courte quand on la vit vraiment. Pauline a voulu vivre avec ces gosses perdus, elle a voulu rêver, espérer, vivre ailleurs, mais la mort l'a rattrapé. Elle a ouvert la porte d'un coup brusque, l'a arrêté en plein milieu d'un espoir pour dire : "Non, c'est fini".
Paul a ouvert la porte de la chambre de Pauline tout doucement, en revanche, comme s'il avait peur de réveiller sa Princesse. Seulement sa Princesse ne se réveillera pas, il le savait pourtant. L'odeur de désespoir a valsé avec la mort et à présent ça empeste les espoirs déchus dans cette chambre. Son corps est allongé sur le sol. Peau froide. Blanc qui contraste trop avec le rouge sur ses bras et qui a dégouliné jusque sur son tapis. Pauline a la bouche légèrement entrouverte comme si elle venait de vomir son corps pour la dernière fois. Sur son visage, la peur, ou bien le réalisme, la rencontre de la mort.
Le fil a été coupé. La fatalité est la sinistre compagne de la mort.
De la fumée dans la pièce. Matteo va finir par s'étouffer à force de fumer de la mort. Pourtant aucun des autres ne lui fait de reproche. Chacun s'étouffe. Lou a perdu trop d'étoiles dans ses yeux, Martial voit la vie en noir. Et Paul pleure. Il est fort pourtant, Paul. Pourtant. Les sanglos secouent ses épaules et ses larmes viennent se mélanger à celles séchées de Pauline.
Martial ouvre la fenêtre. Ils attendent. Ils se regardent, regardent Paul qui prend le corps inerte de Pauline entre ses bras, vision d'horreur, impossible à supporter. Alors tout devient noir. Ils se sentent tomber dans un puit.
Le puit.
Dans un puit, les murs sont glissants et les prises sont parfois inexistantes. On tombe, on tombe et on finit par espérer arriver bientôt au fond tellement c'est horrible, cette absence.

Tout avait commencé entre deux espoirs de Lou et deux sourires innocents de Matt. Ces deux là étaient fait pour se rencontrer. De trois ans l'aînée de Matt, Lou avait craqué en le voyant assis sur sa balançoire abandonnée, une cigarette couleur espoir entre les lèvres et de l'innocence dans ses boucles noires. Il lui avait fait fumer la vie, les mots, le vide, la nuit et les étoiles, il lui avait fait fumer les rêves et elle avait éclaté de rire avant de lui montrer les bulles qu'elle savait faire avec le ciel. Deux gosses complètement décalés avec le reste du monde mais deux gosses heureux.
Lou a présenté Martial à Matteo histoire de lui montrer, à Martial, que les rêves existaient. Peut être que Matteo arriverait à lui montrer toute la panoplie de couleurs que l'on peut donner à sa vie. Au campus Martial a rencontré Paul et ils se sont retrouvés tous les quatre, pour la première fois, dans la chambre de Martial pour partir vers Ailleurs.
Plus tard, Matteo leur a parlé d'une fille de sa classe qui avait toujours l'air triste et décalé, qui sentait le désespoir et le vide d'une vie trop invivable. Lou a dit qu'il fallait que l'on répare ses ailes parce que pour elle, il n'y avait aucun doute, cette fille était un ange. Elle a insisté pour que Matteo l'emmène la prochaine fois et on n'sait pas trop comment il a réussi à la convaincre de venir, mais quand il a ouvert la porte de la chambre de Martial elle était derrière lui. L'air timide et l'âme en peine. Flirtant avec la mort. Alors ils ont parlé autour des joints que Matteo faisait tourner et elle leur a montré ses blessures rien qu'avec des mots. Lou lui a promis de réparer ses ailes. Martial a dit que de toutes façons la vie n'était qu'une incroyable Salope mais qu'on pouvait toujours s'arranger avec le diable, promesses de trahisons. Matteo lui a appris à fumer les rêves et l'espoir et Paul l'a aimé. Ils avaient rencontré leur cinquième pétale et s'étaient promis un ailleurs tous ensemble. Maintenant Pauline est morte et la fleur se fâne.
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MessageSujet: Re: [Gavés d'vie et vides de Tout]   [Gavés d'vie et vides de Tout] Icon_minitimeSam 23 Déc - 0:05

J'viens de lire tout, j'avais pas encore osé le faire..Et..Bah, j'pense que ça peut se passer de mot.

Ou non, j'en mettrai deux p'tits : J'aime. Pas de trop, ni de passer, encore moi de tout juste. J'aime, tout simplement..
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MessageSujet: Re: [Gavés d'vie et vides de Tout]   [Gavés d'vie et vides de Tout] Icon_minitimeDim 7 Jan - 23:26

=$ Merci, beaucoup. [J'te remercie en mon nom donc pour c'que j'écris =) Mais j'sais que Po' fera pareil ^__^]





*

Comment est-on supposés vivre ça ? « N'soit pas si anéantis. Tu sais, elle préfèrerais que tu sois heureux, plutôt que tu crève de chagrin. » Seulement Pauline, elle n'a jamais vraiment pensé à ça. Le bonheur elle l'a connu en lambeaux, comme des petits échantillons qui lui étaient offerts par-ci par-là. Alors bon, Pauline, le mot "Heureux" elle ne l'connaissait pas trop. Et maintenant ses amis s'efforcent de ne pas l'oublier. Mais là, dans cette pièce, devant ce corps, devant ce vide, face à ce désespoir, c'mot comme beaucoup d'autres n'est plus vraiment au goût du jour. La tendance à changé, les cigarettes couleur espoir et les étoiles ont oublié d'vivre et c'est l'acidité des larmes qui les a remplacé.

« Ses parents. Ils rentrent quand ? »

Lou est la première à parler. Ils ont cultivé un silence prudent depuis que Paul s'est réveillé. Même lui a gémit en silence, il n'a pas prononcé de parole. Et les mots de Lou font comme une explosion dans leurs coeurs. Dans ces paroles, il y a plein de choses. Trop de choses. Il y a des évidences innévitables. Il y a "Ceux qui l'ont tué, où sont-ils ?" Il y a "Mon Dieu, elle est morte." Il y a "Ce corps ne restera pas là éternellement." Et puis, il y a des questions un peu indistincts, un peu perdus, ils ont des interrogations plein la tête. Mais surtout, surtout. "Et ses parents, que vont-ils faire maintenant qu'ils l'ont détruite ?"
Parce que finalement, c'était leur fille. Et ils la battaient. Mais... Mais maintenant qu'elle n'est plus là, comment vont-ils s'occuper ? Et puis, il y aura une suite à tout ça. Ils ne pourront pas s'en sortir indemne. Impossible.
Et tout le monde pense la même chose. "Tant mieux."

« Si seulement j'pouvais te répondre "jamais".
- Mais Jamais Martial ça n'a pas plus de sens que Toujours. Jamais c'n'est rien de moins que le Rien pour toujours. Et Toujours le Tout à jamais. Mais tout ça, Martial, ça nous échappe. Parce que ce s'ra jamais totalement rien. Et y'aura toujours un peu d'tout. Tu sais Martial, Pauline elle comprennait ces paroles mieux que personne. Elle savait qu'tout ça c'est juste éphémère et infini.
- Mais Paul. Ephémère et Infini c'est comme Toujours et Jamais, non ?
- Non, c'est pas pareil. L'éphémère et l'infini, c'est juste... Juste la fatalité. Tandis que Jamais et Toujours c'est des mots sales, ignorants, c'est des mots insensés qui ont oublié jusqu'à leur sens. Toujours et Jamais on les emploi à tout va et on les blesse.
- Quand on regarde bien, c'est eux qui nous blessent finalement. »

Dialogue de sourds entre aveugles. Ces âmes en décalage sont en décalage entre elles. Et pourtant... Pourtant ils se sont compris sans s'écouter. Ils ont prit ce qui leur plaisait et ont glissé ces mots dans une enveloppe. Le reste, poubelle.
Toujours est-il que Pauline est toujours là. Et que personne n'est encore rentré chez elle.

« J'veux revoir ma Princesse.
- Elle s'est envolée Paul.
- J'devais la délivrer tu sais...
- Je sais Paul.
- Mais mine de rien, elle a réussi. Elle s'est envolée Pauline. Elle a réussi à la quitter cette satanée tour.
- Oui. C'est vrai.
- Allez Paul, pleure pas...
- Pourquoi tu dis ça, alors que t'es des larmes plein le visage Lou ?
- Peut être parce que j'dis de faire comme j'dis et pas comme je fais.
- Oui. Dis nous d'rire alors Lou. »

Alors Lou elle les regarde tous, et ses larmes coulent encore plus parce qu'ils sont accrochés à son espoir comme jamais et qu'elle elle est un peu trop vide de c'sentiment qui lui est pourtant si cher. Mais elle fait quand même ce que lui a demandé Paul. Elle leur fait un semblant de sourire et leur dit "Riez". Et, comme ils n'ont plus que ça pour ne pas sombrer, les gosses trop vivants rient ensemble. Rire en coeur. Et s'mutiler.
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joliecatastrophe
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MessageSujet: Re: [Gavés d'vie et vides de Tout]   [Gavés d'vie et vides de Tout] Icon_minitimeLun 8 Jan - 21:53

J'passe en coup de vent pour me rendre compte qu'il y aune suite que j'ne pourrai pas lire tout d'suite Sad j'veux pouvoir profiter d'ce moment à l'aise, sans stresse..Mercii en tout cas, j'avais peur que vous ayez arrêté l'histoire =)
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LoveDischord
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MessageSujet: Re: [Gavés d'vie et vides de Tout]   [Gavés d'vie et vides de Tout] Icon_minitimeMar 9 Jan - 20:56

Jamais d'la vie. Plutôt mourir. ^__^




*








Alors voilà. L'corps de Pauline n'est pas resté là éternellement. Ses parents sont arrivés. Ils n'ont même pas fait comme s'ils étaient affectés. Aucun mensonge, aucun faux semblant. Coup de fil rapide à l'hôpital, simple, direct, froid.
Paul et les autres sont restés plantés au milieu de la chambre sans rien dire, en attendant gentillement qu'on leur demande de s'en aller et de rentrer chez eux. Et puis au bout d'un moment, deux jours même si ça ressemblait à une éternité, on les a appelés, pour annoncer son enterrement. Le lieu. L'heure. Simplement, directement, froidement. Et ils se sont levés, même si ont aurait pu croire qu'il y avait des chaînes cramponnées à leurs chevilles. Et ils sont partis pour le cimetière.

Ils défilent comme des fantômes sur le chemin boueux. Qu'est c'qu'ils foutent là, avec leur vie explosée qui s'effrite sur le bord du sentier ? Pourquoi ils marchent comme ça dans l'herbe jaune et froide, sous cette averse glaciale ? Mais retenez-les, faites quelque chose, empêchez-les d'y aller... Leurs pas les mènent là-bas, et c'est la mort qu'ils vont saluer, "Bonjour la Mort, emporte notre amie, emporte sa sale vie, emporte nos sentiments, nos mots, détruis tout, vas-y, détruis nous...".
Martial et Lou et Matteo et Paul et personne d'autre. Désespoir et Etoile et Sourire et Abandon et la Mort. Pourquoi est c'qu'ils y vont ? Un dernier au revoir, une douleur indélébile, regarder son corps s'enterrer, s'oublier, et c'est fini, la roue tourne, une âme en moins, le reste on s'en fout un peu. Pauline est morte, on va l'enterrer, on va l'enfermer, et son visage torturé va disparaitre sous ces couches immondes de terre répugnante.
Ils marchent de travers, comme toujours, ou peut-être un peu plus, et ils se mangent les murs comme si, depuis qu'Pauline a fermé les yeux, leurs orbites étaient vides. Mais ils iront, de toute façon, parce que c'est important. Parce qu'il le faut.
Mare d'ombrelles noires sang. Marre de cette pluie qui nous coule dans le dos, et on regarde les gens marcher au pas, comme s'ils se rendaient au peloton d'exécution. Mais c'est juste pour assister à l'enterrement d'une gamine qu'ils sont ici, pas pour mourir. Pourtant, pourtant il y a des gamins ici, gosses ravagés par le chagrin, perdus au milieu de cette foule invisible d'acteurs d'une vie que Pauline n'a jamais eu, et ils sont en train de se faire bouffer sournoisement l'âme par des larmes acides. Alors à quoi bon, autant sauter dans le trou et accompagner Pauline sur les rives du Styx, non ?
Mais non. On pourrait croire qu'ils vont s'enfoncer un peu plus et venir gonfler les rangs de ces ados suicidaires qu'on croise à chaque coin de rue. Mais non, Martial ne laissera jamais Lou s'laisser avoir par un croque en jambe d'Hadès, et Matteo bombardera Paul de sourires douloureux, jusqu'à c'qui en étouffe d'allégresse. Parce que ces quatre là n'ont qu'une envie. Vivre encore très fort. Et faire un pied d'nez à la grande dame à la faux. Ce sera leur vengeance, et s'ils y arrivent ce sera une revanche.
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